Pourquoi ça « craque »?

Le « craquement » est le bruit emblématique et parfois spectaculaire qui est encore pour de nombreuses personnes le signe de l’efficacité d’un ostéopathe. Cet aspect est réducteur et d’ailleurs la plupart du temps absent.

Il est également parfois perçu comme un bruit inquiétant pour certains patients qui craignent que ce bruit annonce que quelque-chose vient de se casser.

crackTout le monde a, un jour ou l’autre, fait « craquer » ses doigts, sans rien casser du tout. Vous avez juste entendu un « Pock! ». Il y a ceux qui trouvent une certaine satisfaction en entendant ce « doux bruit » en prenant l’habitude de se faire craquer d’un mouvement de flexion rapide les articulations des doigts (dite « articulations métacarpo-phalangiennes ») et il y a ceux qui ne le supportent pas: « Arrête de te faire craquer les doigts! »

Ces craquements de phalanges ou de vertèbres sont sans danger. Toutefois, en cas de problèmes articulaires, se faire craquer de manière répétée est particulièrement déconseillé. Cela pourrait avoir pour effet d’augmenter la laxité et de créer un risque supplémentaire sur certaines pathologies articulaires (luxation, arthrite…)

Le craquement est la conséquence de la compression puis de la décompression rapide du gaz articulaire présent dans la synovie, consécutive à la mobilisation de l’articulation.

Explication du mécanisme :

« Quand nous tirons sur une articulation synoviale, la pression du liquide diminue, car ce dernier occupe soudainement un plus gros volume. Ce liquide s’évapore et une bulle gazeuse apparaît lorsqu’une certaine pression est atteinte.

A ce moment, les surfaces articulaires opposées se séparent brusquement jusqu’à la limite imposée par la capsule articulaire. Lorsque les deux surfaces articulaires sont séparées, la pression dans l’articulation excède celle de la bulle gazeuse qui est alors aplatie et produit un bruit de craquement.

L’écrasement de la bulle (la mise à plat) forme de nombreuses bulles plus petites qui reviennent graduellement en solution. L’articulation ne pourra produire aucun autre craquement avant que les bulles ne disparaissent et que le gaz soit complètement dissous, soit une durée d’environ 20 à 30 minutes. »

— « Principes d’Anatomie et de Physiologie », Tortora/Grabowski, Deuxième Edition Française, DeBoeck Université 1994

La synovie forme une pellicule sur les faces internes de la capsule articulaire. Le liquide synovial a notamment pour fonction de réduire la friction en lubrifiant l’articulation, d’absorber les chocs, de fournir de l’oxygène et des nutriments aux chondrocytes du cartilage articulaire et d’éliminer de ces derniers le dioxyde de carbone et les déchets métaboliques (le cartilage est un tissu avasculaire, il ne possède pas de vaisseaux sanguins qui accomplissent ces tâches).

Dans le cadre d’un certain type de technique ostéopathique, dite de « high velocity trust » (également nommée « technique d’ajustement structurel »), le craquement traduit la mobilisation de deux surfaces articulaires.

Ces techniques sont effectuées très rapidement mais dans une amplitude très réduite. Elles s’effectuent dans les directions où l’articulation est « verrouillée », dans le but de restaurer l’amplitude de mouvement anatomiquement normale de l’articulation qui doit être libre dans toutes ses directions.

Prenons par exemple une articulation entre deux vertèbres qui composent la colonne vertébrale. Les vertèbres ont des surfaces en contact qui permettent des mouvements. C’est ce que l’on nomme « surfaces articulaires ». Ce sont des articulations, composées de tissus cartilagineux sur leur surfaces. Elles sont entourées d’une capsule fibreuse. Cette capsule est tapissée dans sa face interne par une membrane appelée synovie. Cette membrane secrète un liquide (le liquide synovial) incolore, transparent et filant.

Le liquide synovial contient également des phagocytes qui éliminent les micro-organismes et les débris issus de l’usure normale ou de la déchirure de l’articulation. Lorsqu’une articulation synoviale est immobilisée pendant un certain temps, le liquide devient plus visqueux (gélatineux) mais, à mesure qu’on augmente le mouvement, sa viscosité diminue. La période d’échauffement qui précède une séance d’exercices a entre autres effets bénéfiques celui de stimuler la production et la sécrétion de liquide synovial. Plus la quantité de ce dernier est grande, moins il y a de pression et d’efforts sur les articulations pendant l’exercice.